Cette année-là... 1990
La Mercedes 190 E 2.5 16S Evolution II
Après avoir surtout développé ses gammes moyennes et hautes au cours des années 70, Mercedes a lancé en novembre 1982 un modèle de dimension inférieure destiné initialement à contrer le succès grandissant d’une certaine « série 3 » d’une marque concurrente. Cette dénommée « petite Mercedes », alias la 190, ne mesurait en effet que 4,45 m de long alors que la précédente gamme basse des années 60, la 190-200 à aileron « Heckflosse » étalait ses chromes sur 4,73 m. A son lancement, la nouvelle 190 était disponible en deux motorisations essence de 2 litres, l’une à carburateur développant 109 ch, l’autre à injection (la 190 E) forte de 122 ch. Devant le potentiel routier de la voiture, sa maniabilité et sa tenue de route, la montée en puissance des propulseurs était chose normale. C’est ainsi que virent le jour un 2,3 litres de 136 ch, un six cylindres de 2,6 litres affichant 160 ch, et enfin en 1986 un 2,3 litres 16 Soupapes de 186 ch. Par ce dernier modèle déjà affublée d’un certain nombre d’éléments aérodynamiques de carrosserie et surtout d’un moteur sportif développé en commun avec Cosworth, Mercedes se dévergonde et affiche clairement sa volonté de jouer dans la même cour que la BMW M3. La course à la puissance se poursuivant, la 190 16S troque en 1988 son 2,3 litres contre un 2,5 litres fort de 205 ch. Cette augmentation de cylindrée bénéficie surtout à la souplesse à bas et moyen régime, la vitesse de pointe restant figée à 230 km/h ce qui est dans l’absolu fort honorable pour une voiture issue d’une berline des familles !
502 exemplaires pour cette Mercedes
Mais on n’en reste pas là puisqu’en 1990, soucieux de ne laisser le champs libre à la concurrence dans aucun domaine porteur d’image forte, Mercedes sort la version Evolution II de sa sportive pour pouvoir s’inscrire au Championnat de tourisme allemand, le DTM. A cette fin Mercedes doit produire 502 exemplaires routiers de la Bête qui sera équipée du 2,5 litres 16 Soupapes poussé à 235 ch et capable d’atteindre 100 km/h en moins de 7 secondes. Cette fois-ci, la sérieuse maison de Stuttgart s’est complètement lâchée car on dirait l’Evolution II tout droit sortie des mains d’un spécialiste du tunning en mal de reconnaissance. Entre l’aileron arrière hypertrophié, les passages de roue bodybuildés et le spoiler avant raclant le macadam, il a été fait fi de la discrétion au grand bénéfice de l’appui aérodynamique qui, aidé par des pneumatiques de 245 mm sur jantes de 17 pouces, permettait des passages en courbe à vitesse très élevée. Parmi les éléments de sécurité, notons la présence d’un système électronique ASD régulant le glissement du différentiel en fonction de l’adhérence des roues motrices. Si ce garde-fou édulcore partiellement le caractère sportif pur et dur de la voiture, la sureté de son maniement s’en trouve grandement renforcée. L’Automobile Magazine qui a consacré deux pages à l’essai de cette voiture en décembre 1990, lui reconnait d’ailleurs un comportement routier remarquable allié à un freinage efficace et endurant. Pour ce qui est des performances, chapitre essentiel pour une sportive, le gain par rapport à la précédente 16S de 205 ch est appréciable en terme d’accélération avec 1 seconde de moins aux 1000 mètres, et surtout en reprises et en souplesse, les deux étant en nette amélioration. Petite déception toutefois pour l’Automobile Magazine quant à la vitesse de pointe qui s’établit à près de 235 km/h, loin des 250 km/h promis par le fabricant. Une critique également à l’égard de la commande des vitesses manifestement conçue davantage pour une conduite sur circuit que pour un usage sur routes ouvertes.
A l’époque de sa création, l’Evolution II était en concurrence directe avec la M3 Evolution et la Ford Sierra Cosworth, toutes deux plus radicales en termes de performances pures tout en étant moins chères à l’achat. Par contre les qualités dynamiques étaient largement plus convaincantes chez la Mercedes. Une comparaison plus osée pourrait se faire avec la Renault 21 Turbo de la même époque qui était à peine moins performante mais beaucoup moins sophistiquée tant sur le plan mécanique que sur celui du châssis. Il est vrai qu’elle coûtait moins de la moitié du prix de l’allemande.
A l’heure actuelle sur le marché du véhicule de collection – puisqu’il ne peut pas être question « d’occasion » pour une voiture aussi rare et exceptionnelle, une Evolution II ne se négocie pas à moins de 30 000 €, voire près du double pour un exemplaire en parfait état de conservation. A condition d’en trouver une… En comparaison, elle coûtait en 1990 460 000 F, soit environ 70 000 € hors inflation.
Côté voiture
Si 1990 succède à une année particulièrement riche en nouveautés automobiles, quelques grands succès s’y illustrent toutefois en laissant une forte empreinte dans nos mémoires. C’est cette année-là qu’est née...
Aux antipodes des nouveautés, on se souviendra de la mise à la retraite d’une star : l’ultime 2 CV est tombée des chaînes de l’usine Citroën à Mangualde au Portugal le 27 juillet 1990. C’était une 2 CV Charleston finie en deux tons de gris.
Globalement, 1990 a été un millésime exceptionnel quant au nombre de voitures vendues en France (2,3 millions), et si ce record a été approché en 2009 grâce à la prime à la casse, il n’a jamais été surpassé depuis lors.
C’est arrivé en 1990…
20 janvier, la Convention de Washington interdit formellement le commerce de l’ivoire.
11 février, libération en Afrique du Sud du leader noir Nelson Mandela après 27 années de détention.
15 avril, décès de l’actrice Greta Garbo à l’âge de 84 ans.
25 avril, la guitare de Jimmy Hendrix est vendue 1 940 000 F chez Sotheby’s à Londres.
28 mai, lancement en France du jeu à gratter Banco.
17 juillet, Gilbert Hyatt est reconnu officiellement comme l’inventeur du microprocesseur.
2 août, la guerre du Golfe commence lorsque les troupes irakiennes envahissent le Koweït.
3 août, la Communauté internationale est appelée par les Etats-Unis et les Soviétiques à prendre des « mesures concrètes » contre Bagdad.
7 août, la France est le premier état dans l’Europe Communautaire à ratifier la Convention internationale des droits de l’enfant.
4 septembre, début des premières rencontres entre les premiers ministres de la Corée du Nord et du Sud.
1er octobre, dans la CEE toutes les voitures peuvent fonctionner à l’essence sans plomb.
3 octobre, célébration de la réunification allemande à Berlin.
19 novembre, naissance de la CSG.
29 novembre, l’ONU demande à l’Irak d’évacuer le Koweït pour le 15 janvier 1991.
13 décembre, adoption de la loi contre le tabagisme et l’alcoolisme.
21 décembre, fermeture du dernier puits de charbon dans le Nord-Pas-de-Calais.
Musique
1990 a aussi connu bon nombre de tubes de variété parmi lesquels : « Le jerk » de Thierry Hazard, « Les valses de Vienne » de François Feldman, « A toutes les filles » de Félix Gray et Didier Barbelivien, « Bo le lavabo » de Lagaf, La « soca dance » de Charles D. Lewis, « Une femme avec une femme » de Mecano, « Maldon » de Zouk Machine, « Words » des Christians, « Kingston Town » de UB 40, « Sacrifice » de Elton John, « Worlds Apart » de Cock Robin, « Another day in Paradise » de Phil Collins, « Woman in chains » de Tears for Fears, « Pourtant » de Roch Voisine et bien d’autres…
Cinéma
Pendant ce temps, sur grand écran, on a pu voir : « Danse avec les loups » avec Kevin Costner, « La gloire de mon père » et « Le château de ma mère » de Yves Robert, « Le cercle des poètes disparus » de Peter Weir, « Le silence des agneaux » avec Anthony Hopkins, « ça, il est revenu » d’après le roman de Stephen King, « Milou en mai » de Louis Malle, « Pretty woman » avec Julia Roberts, « Ghost » de Jerry Zucker, la liste étant loin d’être exhaustive.
La Mercedes 190 E 2.5 16S Evolution II de TrueScale
Superbe, absolument superbe ! C’est le premier commentaire qui m’est venu en la sortant de sa boîte et il n’a pas été démenti par un examen plus approfondi. TrueScale a une nouvelle fois démontré sa maestria en y rajoutant une touche d’expression personnelle pour ce modèle. Il faut en effet être particulièrement séduit par une voiture pour en réussir sa réduction avec un tel réalisme. La ligne du modèle restitue à perfection l’agressivité un peu outrancière de l’original et la peinture noir métallisé est appliquée avec suffisamment de finesse pour laisser s’apprécier chaque détail. A propos de détails, admirez la finesse et la transparence des optiques avec les ampoules apparentes dans le fond des projecteurs, l’aménagement intérieur avec les boucles des ceintures de sécurité, le revêtement à petits carreaux blancs de la partie médiane des sièges ou la présence sur le déflecteur fixe de la porte arrière de la référence au code anti-démarrage. La présence de chrome est tout aussi rare que sur la vraie voiture, à l’exception de la calandre typiquement Mercedes reprise d’ailleurs de la 190 de base et des monogrammes d’identification « 190 E » et « 2.5 16 » sur le couvercle de coffre arrière.
Alors, que reprocher à ce modèle ? Pas grand-chose même si l’appréciation reste toujours subjective, si ce n’est un prix de vente, certes justifié par la qualité, qui se situe dans la fourchette haute pour du 1/43e. A mettre quand même en bonne place dans les vitrines d’amateurs de Mercedes ou, plus largement, d’amateurs de sportives.
Texte : WEISS Bernard - MINAUTOmag' 33