Cette année-là... 1967
La Lamborghini Marzal
Ferruccio Lamborghini (1916 – 1993) était un industriel italien spécialisé, depuis le début des années cinquante, dans la construction de tracteurs agricoles. A la fin de la décennie il se lance dans une nouvelle activité, celle du matériel de chauffage, qui lui permettra de doubler sa fortune en peu de temps. Il allait enfin pouvoir assouvir sa passion des belles mécaniques et s’offrir les plus belles voitures produites par Aston Martin et Ferrari. Mais aucune de ces voitures ne le satisfait pleinement, en particulier les Ferrari desquelles il se plaint auprès du Commendatore, lui reprochant leur inconfort et leur manque de fiabilité. Enzo Ferrari piqué au vif l’aurait rembarré et renvoyé à ses chers tracteurs. Ferruccio Lamborghini décide de répondre à l’offense en se lançant dans la construction de sa propre voiture de grand tourisme censée supplanter les Ferrari en confort et en qualité. L’initiative débouche sur la présentation de la 350 GT au salon de Genève de 1964. Cette nouvelle grand tourisme est munie d’un très beau moteur V12 (concurrence à Ferrari oblige) de 3.5 L de cylindrée développant 270 ch. Si son moteur et son châssis font l’unanimité, son design plait moins de sorte que seuls 120 exemplaires seront vendus avant l’arrêt de sa production en 1966. Dans l’intervalle est présentée la fabuleuse P400 Miura au salon de Turin fin 1965. Cette voiture hors normes développait 350 ch et fut la première voiture de série à franchir le mur mythique des 300 km/h ! C’est grâce à elle que naquit le succès commercial de la jeune marque. Ferruccio Lamborghini souhaitait cependant élargir sa gamme en y adjoignant une authentique 4 places, la 400 GT dérivée de la 350 GT n’étant qu’une 2+2. C’est à ce stade qu’intervient Marcello Gandini alors jeune designer officiant chez Bertone, qui donne naissance à un projet à la fois futuriste et réaliste, présenté au salon de l’automobile de Genève en 1967. Il s’agit d’un concept car baptisé Marzal qui se distingue, outre ses 4 vrais places, par son impressionnante surface vitrée depuis le bas des portes jusqu’au pavillon et ses portes en aile de papillon s’ouvrant à la verticale. Cette architecture des portières appelée Gullwing rappelle d’ailleurs l’illustre précédent de la Mercedes 300 SL. Dans le cas qui nous intéresse, ces portes latérales uniques ont une longueur exceptionnelles étant donné qu’elles remplissent le rôle à la fois de porte avant et de porte arrière pour une 4 places. Le capot moteur arrière était recouvert de persiennes au motif géométriques rappelant les nids d’abeilles, motif que l’on retrouve d’ailleurs à l’intérieur sur le tableau de bord. La Marzal était motorisée par un 6 cylindres placé à l’arrière, de 2 L de cylindrée développant 175 ch, obtenu en fait par réduction de moitié du V12 de 4 L de la Miura. Tel que présenté, le concept car était roulant, qualité plus rare encore dans les années soixante qu’aujourd’hui, et son unique exhibition publique l’a été l’année de sa création lors du Grand Prix de Monaco avec la Princesse Grace aux commandes. Sa deuxième apparition publique remonte à 1996 à Monterey en Californie lors d’un concours d’élégance en l’honneur de la Carrosserie Bertone.
Depuis, et après avoir séjourné dans le Musée du design de Bertone, la voiture a été vendue aux enchères à la Villa d’Este en Italie en mai 2011 pour la somme de 1,350 million d’euros. Quelques rares vidéos disponibles sur le Net présentent la Marzal en test routier (en enclave privée semble-t-il), prouvant la parfaite capacité de roulage du véhicule ainsi que la très grande luminosité qui baigne son habitacle. Toutes les photos de la belle la montrent dans une livrée blanche immaculée et il semble qu’elle n’ait jamais connu d’autre coloris. Pourquoi ce chef-d’œuvre est-il resté unique ? Parce que Ferruccio Lamborghini n’aimait pas les portes Gullwing ni l’excédent de surfaces vitrées préjudiciable à une certaine intimité des occupants. Par contre, les proportions et la ligne générale du prototype ont plu et furent reprises en 1968 sur l’Espada qui fut un énorme succès commercial pour la marque. Ce grand coupé 2 portes, plus long que son inspiratrice (4.74 m contre 4.45 m pour la Marzal) offrait également 4 places confortables accessibles par des portières à articulation classique. Il se distinguait du concept car par son implantation mécanique, moteur et boite à l’avant, ainsi que par son architecture mécanique. Lamborghini était en effet revenu au V12 qui équipait avec succès la Miura et développait ici 325 ch. La Marzal n’a donc pas eu de descendance commerciale directe mais elle a été l’égérie d’un coupé grand tourisme à 4 places au mariage parfait entre une mécanique aux prestations sportives et une esthétique équilibrée et aérodynamique.
La Marzal au 1/43e chez Whitebox
Comme d’autres voitures uniques ou rarissimes, la Marzal est paradoxalement sur-représentée en miniature, en particulier au 1/43e. Nous y avons recensé pas moins de 8 modèles réduits de fabricants différents dont 7 en zamak et 1 en kit résine. Si la fidélité de ce dernier n’est pas critiquable, la reproduction de 6 des modèles diecast relèvent davantage du jouet haut en couleur, contemporain à la vraie voiture, que du modèle réduit de collection. Ceci dit, le charme peut opérer tout de même ! Arrive la dernière parution en date, celle mise sur le marché par Whitebox. Il s’agit en fait d’une production Ixo issue d’une collection presse étrangère ; à ce titre, le modèle ne peut se targuer d’un degré de finition élevé mais affiche toutefois un excellent rapport qualité / prix. Il laisse dans l’ombre la plupart des reproductions précédentes, paré tout simplement d’une sobre robe blanche conforme à l’original assortie d’un intérieur – hors planche de bord – tout aussi immaculé et conforme. Les quatre sièges baquets confortables de visu auraient toutefois mérité un rendu plus brillant comme sur la vraie. Les persiennes du capot moteur sont ajourées mais ne laissent pas deviner la présence d’un éventuel moteur. Le vitrage, tellement important sur ce concept car et suffisamment bien formé, ajusté et limpide pour laisser le regard s’intéresser à l’intérieur. On découvre là, sans émotion particulière, quelques détails rehaussés à la peinture aluminium : les leviers de vitesses et de frein à main, le moyeu du volant, les grilles en nid d’abeilles sur la planche de bord et le miroir du rétroviseur implanté sur ladite planche. L’ensemble est sobre de finition mais reflète une fabrication de bonne qualité permettant de prendre le modèle en main sans risque de casse ! Rajoutons à cela que les productions Ixo ont la réputation de ne pas être biodégradable…, et nous voilà en présence d’une valeur sûre qui pourra être conservée dans une collection pendant de longues années. Un dernier tour à l’extérieur pour admirer la justesse et l’élégance de cette ligne superbe, exprimer notre satisfecit quant aux belles roues stylées, à la présence de l’emblème Lamborghini à la pointe du capot avant et du « b » stylisé de Bertone à l’autre extrémité de cet immense capot, coté porte. Le soubassement reproduit sommairement une partie de la mécanique qui s’achève sur une double sortie d’échappement évidée. Les deux balais d’essuie-glace ne sont pas photo-découpés mais leur fabrication en plastique est suffisamment fine pour ne pas être critiquable. Globalement, nous sommes en présence d’une honnête et réaliste reproduction, certes moins fignolée dans les détails que certains modèles de plus haute gamme que nous avions eu l’occasion d’examiner précédemment, mais au tiers du prix de ces derniers ! Cette Marzal s’adresse donc à tous les collectionneurs qui savent encore se faire plaisir à moins de 25 €.
C'est arrivé en 1967
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le 3 février : la scolarité obligatoire est portée à 16 ans en France,
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le 12 mars : fin des élections législatives avec la victoire des gaullistes,
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le 18 mars : le superpétrolier Torrey Canyon se brise en deux sur les récifs de Seven Stones au large des côtes anglaises, provoquant un véritable désastre écologique,
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le 29 mars : lancement du sous-marin nucléaire le Redoutable,
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le 25 avril : Régis Debray, écrivain et philosophe, est arrêté en Bolivie pour avoir combattu dans l’Armée de Libération Nationale de la Bolivie aux côtés de Che Guevara,
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le 31 mai : naissance de l’actrice Sandrine Bonnaire,
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le 5 juin : début de la guerre des 6 jours entre Israël et ses voisins arabes,
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le 13 juillet : création de l’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE),
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le 26 juillet : le Général de Gaulle prononce sa célèbre phrase « Vive le Québec libre » à Montréal,
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le 18 septembre : décision des Etats-Unis sur le fait d’établir un réseau antimissile,
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le 1er octobre : lancement de la télévision couleur en France,
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le 8 octobre : après une longue traque, le « Che » est arrêté et exécuté en Bolivie sur ordre de la CIA,
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le 9 octobre : décès de l’écrivain André Maurois,
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le 14 octobre : décès de l’écrivain Marcel Aymé,
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le 21 octobre : un million de manifestants protestent contre la guerre du Vietnam à Washington,
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le 26 octobre : couronnement du Shah d’Iran à Téhéran,
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le 28 octobre : naissance de l’actrice Julia Roberts,
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le 15 novembre : le service militaire est ramené à 12 mois en France,
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le 17 novembre : Régis Debray, compagnon du Che, est condamné à 30 ans de prison par la justice bolivienne,
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le 3 décembre : première greffe du cœur réalisée par le chirurgien sud-africain Christian Barnard,
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le 14 décembre : le roi Constantin de Grèce fuit en exil à Rome,
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le 23 décembre : naissance de Carla Bruni.
Les titres les mieux placés au hit-parade de 1967 étaient dans l’ordre : Adios Amor de Sheila, A whiter shade of pale de Procol Harum, Inch Allah d’Adamo, Mais quand le matin de Claude François, All you need is love des Beatles, San Francisco de Scott McKenzie, Amour d’été de Johnny Halliday, La dernière valse de Mireille Mathieu, Une larme aux nuages d’Adamo, The letter de The Box Tops, Ame câline de Michel Polnareff, Aranjuez mon amour de Richard Anthony, pour ne citer que les douze premiers…
Les grands succès du cinéma ont été Le livre de la jungle de Wolfgang Reitherman, Le lauréat de Mike Nichols avec Anne Bancroft, Dustin Hoffman et les magnifiques succès de Simon and Garfunkel, Mouchette de Robert Bresson, L’heure du loup d’Ingmar Bergman, Guerre et paix de Sergei Bondarchuk, Bonnie and Clyde de Arthur Penn, Le point de non-retour de John Boorman, Les douze salopards de Robert Aldrich, Le samouraï de Jean-Pierre Melville ou encore Devine qui vient dîner de Stanley Kramer et Les risques du métier d’André Cayatte.
Les nouveautés
1967 a été une année très fertile en nouveautés automobiles, qu’il s’agisse de nouvelles créations à part entière ou d’évolution suffisamment marquantes des modèles existants pour justifier ce terme de nouveauté. En nous cantonnant aux modèles vendus en France, on retiendra chez Citroën la Dyane et les ID / DS avec leur nouvelle face avant à double phares sous carénage, chez Peugeot, outre une nouvelle boite de vitesses, la 404 «8 » à moteur 403, et le pick-up 404, chez Renault les restylages des R4 à boite 4 vitesses et nouvelle calandre, et R10 à phares rectangulaires et le retour du moteur 1100 cm3 sur la R8. Simca crée l’évènement en lançant la très réussie 1100 en berline 4 portes, coach 2 portes et break, ainsi que l’attrayant coupé 1200 S. Le petit fabricant Matra crée la voiture des copains, la 530. D’Allemagne nous arrivent les nouvelles Ford 17M / 20M génération P7, les NSU Ro80 et 1000 TTS, le combi Volkswagen T2, les Opel Olympia, Kadett Caravan 4 portes, Kadett Rallye 1.9L et Commodore GS, ainsi que la Mercedes 250 SL. L’Italie nous fournit la Lancia Flavia série II, les Fiat 125 et 124 break ainsi que le coupé Fiat Dino. L’Angleterre nous envoie la Rover P5 (MK III) à moteur V8 de 3.5L, la Ford Cortina MK II et la Lotus Elan 2+2, la Suède la Volvo 142 berline 2 portes, enfin le lointain Japon propose la minucule Honda N600. La même année 1967, l’Automobile s’endeuille de la disparition de la marque doyenne Panhard.
Simca 1100
Citroën Dyane